Assouplissement : trop vite, trop confus – 29 mai 2020

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Il parait qu’il faut 21 jours pour perdre une mauvaise habitude et 90 pour en acquérir une nouvelle, si on prend le temps de la répéter, encore et encore, inlassablement, en étant convaincu de son bien fondé pour soi, pour sa famille, pour les autres, tous les autres.

 

Ce 28 mai, cette répétition de gestes qu’il fallait intégrer a été interrompue au 82ème jour. C’est que le déconfinement ne relève pas d’une logique toute tracée. Il subit des aléas : sujet à diverses pressions, des vents contraires, des courants favorables. Donc voilà, après tant d’énergie déployée par chacun des acteurs de l’école pour faire face en respectant des règles et des principes en fonction de leurs réalités scolaires, il leur est demandé à nouveau de s’adapter, rapidement, et pour une courte durée puisque la fin de l’année scolaire approche.

 

Cela fait 10 semaines que les familles et les professionnels s’adaptent avec résilience, même   bousculés. Enfants, parents, enseignants, directions sont fatigués, stressés, en colère, perdus, perplexes, incrédules, choqués, … sans exclusives. Une rafale de sentiments. Les annonces se sont multipliées ces derniers jours.

 

Certes, tout n’était pas parfait : les enfants en âge d’aller à l’école primaire sont lassés de rester à l’intérieur, subissent les tensions liées aux tiraillements des parents entre travail et éducation, sont impatients de courir, jouer avec d’autres enfants, frustrés de faire silence car l’aînée de la fratrie est en blocus et qu’il faut rester calme pour ne pas déranger. Pour ce problème, réel, essentiel à résoudre, la FAPEO soutenait l’idée d’intégrer d’autres secteurs, comme celui de l’Accueil Temps Libre. Quitter la garderie scolaire, vivre un univers hors des murs de l’école où s’épanouir,  et s’ouvrir à des relations sociales positives étaient le défi. Pousser les murs de l’école, c’est compliqué. Les casser était sans doute une bonne idée. Les parents auraient pu être soulagés et rassurés, les enfants pris en charge autrement qu’à la garderie, à une autre place, avec moins de contraintes.

 

Bien-sûr, le confinement n’est pas un mode de vie durable, il faut en sortir pas à pas, une étape à la fois, chacun s’y préparait : une mesure + son évaluation après 10 jours. Finalement, le plan de sortie avait été compris. Le décompte du déconfinement des élèves avait démarré, les semaines derrière nous cochées, les suivantes projetées. Jusqu’au 30 juin, tout était planifié, les écoles en ordre de marche. Et si tout se passait bien, le déconfinement progressif et partiel des élèves allait être une réussite, collective, solidaire. Simple et logique. Le personnel des écoles était prêt, les parents et les enfants aussi. Dans les écoles, certaines classes étaient rangées et les bancs vidés.

 

Et puis, vint le mercredi 27 mai: sans concertation, les représentants des acteurs de l’enseignement ont été informés des nouvelles décisions prises. L’ampleur des assouplissements des règles de prévention a surpris: à peine 10 jours après une course folle pour que les écoles soient prêtes et les parents rassurés. Et tout est à nouveau bousculé, à recommencer.

 

Espérons que les enfants puissent en profiter sereinement !

 

 

Une mise au point s’impose!

Le Comité de concertation (CODECO) qui réunit le fédéral et les entités fédérées (dans lequel la Ministre Caroline Désir est représentée par Pierre-Yves Jeholet, Ministre-Président de la FWB) a pris des décisions, après consultation du Groupe d’experts (GEES). Les représentants des acteurs de l’enseignement (fédérations des pouvoirs organisateurs, syndicats et organisations représentatives des parents) n’ont pas été consultés.

 

Dans le secondaire: rien ne change(ra)

À l’opposé de ce que des médias titrent, le dispositif de reprise des cours partiel pour les élèves en secondaire ne changera pas. La Ministre Caroline Désir est ferme sur ce point. D’ailleurs, les élèves et leurs parents reçoivent ces jours-ci les “Règlements des Études” qui précisent les modalités de sanction des études (réussite, ajournement, orientation, redoublement) pour la fin de l’année. Pourquoi pas de changements en ce qui les concerne? Le GEES estime que les plus de 12 ans sont plus à risque que les 0-12 ans.

 

Quels sont les changements ?

 

  • Une nouvelle stratégie

 

La stratégie adoptée vise désormais à protéger les adultes et à permettre aux enfants d’être libérés de la contrainte des distances et du port du masque pour les 6ème primaire. Cette décision a été prise étant donné le constat qu’il n’existe “pas de preuve à ce jour que les enfants soient le moteur de l’épidémie”. Ce changement étonne des parents: les nouveaux messages – contradictoires et répercutés dans les médias – sont inaudibles par certains parents. Les “il semble”, “il est recommandé”, “fortement conseillé”, ne rassurent pas les uns; d’autres sont contents de pouvoir à nouveau remettre leur enfant à l’école,  pour diverses raisons d’ailleurs.

 

 

  • Les “bulles de contact”

 

Les “bulles de contact” remplacent les silos. Un groupe-classe, dans l’enseignement maternel et primaire peut être supérieur à 20 élèves”. Il peut avoir des contacts avec un nombre limité d’adultes, en fonction des besoins pédagogiques et d’organisation: puéricultrice, logopède, personnel de garderie, etc.

 

  • Règles de distanciation et de protection

 

Les horaires d’arrivée et de départ des groupes d’élèves DOIVENT être aménagés de façon à limiter autant que possible les regroupements de personnes.

 

Selon leurs réalités locales et contraintes propres”, les écoles sont invitées à procéder aux aménagements suivants
(pour lire l’intégralité de la circulaire, c’est
ici)
Dans le maternel Dans le primaire
entre enfants distanciation physique: pas nécessaireport du masque: pas nécessaire distanciation physique: pas nécessaireport du masque: pas nécessaire
entre adultes et enfants distanciation physique: pas nécessaireport du masque: fortement recommandé distanciation physique: pas nécessaireport du masque: fortement recommandé “lorsque l’enseignant se déplace parmi les élèves au sein de la classe et dans la cours de récréation lorsque la distance sociale de 1,5m ne peut pas être respectée” et “lorsque l’enseignant parle à voix haute en classe”.
Entre adultes (enseignants et membres du personnel, parents) distanciation physique: à respecterport du masque: fortement recommandé distanciation physique: à respecterport du masque: nécessaire
Ouverture à partir du 2 juin, temps plein
SI POSSIBLE
à partir du 8 juin
SI POSSIBLE
Les écoles ne pouvant assurer de tels aménagements pour une reprise à temps plein doivent continuer à assurer des garderies.

 

 

 

Augmentation du nombre d’enfants à l’école, à géométrie variable

 

En fonction des contraintes des écoles et du nombre d’enfants qui retourneront en classe, la reprise sera différente d’un établissement à l’autre. L’école se fera à vitesse multiple, renforçant encore les inégalités entre les élèves. Les premiers retours de la reprise du 18 et du 25 montrent des disparités liées aux quartiers, communes, provinces, régions: il faudra prendre le temps et se donner les moyens de cartographier les rentrées dans les écoles.

Les enfants qui ne retournent pas à l’école ne seront pas sanctionnés. Le parent conserve le choix.

Les directions seront chargées de répertorier les demi-jours d’absence pour monitorer la situation et établir le contact avec les familles concernées, pour organiser la poursuite de l’année scolaire au mieux, dans l’intérêt de l’enfant. Des modalités devront être mises en place pour éviter de préjudicier les enfants dans leur parcours scolaire. C’est indispensable en effet!

 

On a des questions pratico-pratiques sur les contraintes

 

Il faut du temps et de l’espace pour pouvoir organiser des défilés successifs tout au long d’une journée de “bulles” d’élèves dans une cour de récréation. Les écoles de petite taille le pourront-elles ? Par exemple un directeur nous dit avoir une cour de récréation de 100 m2 pour 15 classes: il doit donc gérer 15 bulles à la mi-journée, après le repas, l’après-midi. Est-ce faisable?

Les contraintes de plages horaires différentes occasionneront des situations difficiles à gérer par les parents. Ceux qui auraient des enfants d’âge différent dans la même école devraient attendre les différents moments d’entrées et de sorties ? Problème : si une école organise 20 classes, qu’une bulle de contact rentre toutes les 10 minutes, à quelle heure rentrerait la 20ème?

L’ONE prépare des recommandations pour l’hygiène: quelles seront-elles? Les écoles auront-elles le temps et les moyens de les mettre en place?

Si on peut imaginer que dans une classe de 50m2 l’enseignant puisse garder sa distance de sécurité (1,5 m), comment serait-ce possible dans une classe de 30m2 avec 20 élèves voire plus?

Enfin, le personnel d’encadrement sera-t-il au rendez-vous? Comment les enseignants vont-ils pouvoir faire la classe et organiser le maintien du lien pédagogique avec les élèves à distance? Devront-ils prester une double journée? Le principe de soutenir les élèves les plus en difficultés nous paraissait une bonne idée, de nature à réduire les inégalités entre élèves, une pratique équitable; la FAPEO la regrette.

La recherche d’un bien-être des enfants ne doit pas entamer la sécurité et le bien-être des enseignants et inversement !

 

Joëlle Lacroix                                                                    Luc Pirson

Secrétaire Générale                                                           Président

 

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