4.20 / Bien vivre l’école : une affaire de climat !

Télécharger l’analyse “4.20 / Bien vivre I’école : une affaire de climat !“, une analyse de France De Staercke. 

 

L’analyse en un coup d’oeil

 

Mais pourquoi est-ce que le simple fait de parler d’école déclenche chez certains des inquiétudes, des angoisses, des mauvais souvenirs ? Décrochage, redoublement, violence scolaire, harcèlement, phobie scolaire, échec, etc. Et pourquoi pas une école pour le plaisir d’apprendre, de grandir et de s’épanouir ensemble ? Être bien à l’école, ce n’est pas du bricolage, mais une grande structure qui travaille son climat, son atmosphère, son esprit, qui se construit avec les enseignants, les élèves, la direction, sans oublier les parents.

De quel climat parle-t-on ? Que peut-on y faire si l’école est un mauvais moment à vivre ? Attendre que ça passe ou réfléchir à ce que l’on peut apporter comme améliorations ?

Dans cette analyse il est question d’énumérer tous les points qui touchent au bien-être à l’école ; une photographie pour démarrer des projets, des pistes de réflexion en collectif de parents, par exemple. Mais également pour se questionner, en tant que parents : est-ce bien de cette école-là que nous voulons ? Est-ce une école stimulante et positive tant en termes d’apprentissages que de milieu de vie riche, où l’intégrité physique et morale des enfants sera préservée ?

L’analyse explore tous les recoins de l’école pour voir où peuvent se cacher les souches de cette maladie d’école, des petites choses simples à améliorer jusqu’aux modes de fonctionnement et de pédagogie ; un scanner s’impose. Une clé « Bien-être à l’école »[1] est à votre disposition sur notre site fapeo.be pour vous accompagner dans cette démarche.

 

Le climat scolaire, c’est aussi le reflet des tensions qui sont présentes au sein de la société dans laquelle nous évoluons tous, qui met la pression sur tous les secteurs et reporte régulièrement la résolution de ses maux sur les épaules de l’enseignement. Performance, évaluations ou certifications, ces objectifs sont des sources potentielles de violences verbales et psychiques pour les élèves. L’école, c’est aussi une affaire de climat : et si on s’écoutait un peu ?

[1] www.fapeo.be/cles-pour-avancer/

 

Introduction

 

Les problèmes de violence, de harcèlement, d’humiliation, de décrochage, sont malheureusement indissociables du monde scolaire. On ne peut le nier : chaque élève y est ou y sera exposé durant son cursus scolaire. La souffrance individuelle de l’élève n’est pas toujours palpable et le sujet reste trop souvent tabou au sein des écoles.

Dans le cas de situations d’urgence, le monde de l’enseignement doit « bricoler » et des animations ou des formations sont proposées. Nous voyons fleurir des méthodes diverses et variées, pour détendre les enseignants et leurs élèves, gérer les conflits, exprimer ses émotions, modérer la violence, servir de médiateur, etc. Dans le meilleur des cas, des services externes à l’école – payants le plus souvent – viennent au secours des équipes éducatives.

Les blessures des élèves, elles, se guérissent plus difficilement. Mais quelle est la solution constructive, à long terme, qui améliorerait ce climat d’école ? L’enjeu est assurément de travailler collectivement à améliorer les conditions de vie et d’apprentissage à l’école, d’éviter l’émergence des violences scolaires, qu’elles soient institutionnelles, impliquant les élèves ou les adultes, entre eux, individuellement ou en groupe.

 

Pour apprendre et s’épanouir à l’école, le jeune a besoin de se sentir libre de grandir, en s’exprimant, en se trompant, sans devoir se soucier de sa sécurité morale ou physique. Comment avoir le corps et l’esprit disponibles pour les apprentissages lorsque l’on se rend à l’école avec la boule au ventre ? Peur d’un enseignant, d’autres élèves, de lieux ou de moments qui génèrent des angoisses, est-ce vraiment cela que nous voulons pour nos enfants ?

Nous nous sommes penchés sur cette question du « climat scolaire » pour envisager une école où la vie en groupe, les apprentissages et les activités de l’école pourraient se dérouler en toute sécurité physique et émotionnelle. Où tous ces détails qui font le quotidien des élèves s’organiseraient de façon harmonieuse et ainsi offrir un cadre positif pour tous les acteurs de l’école. Pourrait-on rêver d’une école où nos enfants évolueraient librement, sans passer pour autant pour des « bisounours » idéalistes ?

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« Climat scolaire », de quoi parle-t-on ?

 

Le climat scolaire est sans aucun doute, selon Benoît Galand[1], « l’indice de santé » de l’école. Les phénomènes comme le harcèlement auraient tendance à ne pas émerger dans les établissements au sein desquels une attention particulière est portée au climat scolaire ; où des moyens sont mis en place pour se sentir bien à l’école et dans sa classe, tant pour le personnel encadrant que pour les élèves.

« Le climat scolaire traduit les valeurs, les attitudes et les sentiments dominants dans le milieu. Il donne une idée générale du ton et de l’atmosphère qui règnent dans les rapports sociaux, de la valeur accordée aux individus, à la mission éducative de l’école et à l’établissement comme milieu de vie. »[2]

Il s’inscrit dans une approche systémique ; c’est tout un climat relationnel et éducatif que la direction et l’équipe pédagogique pourront insuffler à leur établissement pour que chacun se sente bien dans ce lieu au sein duquel les élèves passent la majeure partie de leur temps.

analyse climat scolaire

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Le climat scolaire peut se définir selon ces composantes principales : les relations, l’enseignement et les apprentissages, la sécurité et l’environnement physique et le sentiment d’appartenance.

 

Les relations positives entre tous

Dans le respect de la diversité, la participation des élèves dans l’apprentissage et la discipline, la collaboration et l’entraide, la communication entre les enseignants et les parents, la participation des parents aux décisions dans le cadre du Conseil de Participation afin de contribuer au Projet d’établissement et au règlement de l’école de leurs enfants, entre autres ; chaque fois qu’il est possible, ces relations se doivent d’être constructives et positives.

Des ateliers ou à des activités extra scolaires accessibles, variées et intéressantes contribuent aussi à rendre l’école vivante et à favoriser les liens et les interactions entre pairs mais aussi entre enseignants, éducateurs et élèves.

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L’enseignement et l’apprentissage

Certains points sont essentiels à privilégier : la pédagogie différenciée, la bienveillance scolaire, les apprentissages reliés à la vie concrète, la valorisation de la créativité, de l’erreur comme outil d’apprentissage, l’encouragement à participer, l’apprentissage de la philosophie et de la citoyenneté, des moyens pour améliorer et encourager la progression dans les apprentissages, la remédiation, la motivation scolaire, une visibilité claire et transparente du projet de l’école, le soutien et la disponibilité des services scolaires et de l’encadrement hors des heures scolaires, etc.

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L’évaluation

Le conseil de classe et les ambitions que se donnent les établissements scolaires influencent fortement l’atmosphère et le climat, le rendant propice aux apprentissages. D’autres facteurs peuvent également être pris en compte, comme la participation des élèves en tant qu’acteurs de leur éducation en collaboration avec les autres élèves et avec leurs enseignants.

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La sécurité

La sécurité physique est primordiale pour chaque personne au sein de l’établissement : des règles claires sont communiquées dès le début de l’année ; des réponses claires également lorsque la règle est transgressée. Ces bases communes à tout le monde permettent de renforcer ce sentiment de sécurité dans les murs de l’école.

La sécurité émotionnelle doit également être prise en compte. L’idéal est de développer des valeurs de tolérance et de respect de la différence, tout comme des réponses aux situations de harcèlement doivent être prévues dans le cadre de la résolution des conflits.

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L’environnement physique

Les conditions de travail devraient être optimales à travers différents aspects : faire de l’école un lieu de vie propre, avec une taille des classes et un nombre d’élèves par classe raisonnables, avec des espaces adaptés et du matériel adéquat, des lieux agréables, jusqu’aux ateliers, laboratoires, infrastructures scolaires et sportives de qualité, etc.

 

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Le sentiment d’appartenance

« Appartenir » à un groupe et à un établissement scolaire permet aussi aux jeunes de pouvoir construire leur identité positivement. La considération et le respect de tous élèves dans leur culture et leur environnement familial, la place des parents, un accueil et une écoute de qualité sont encore gage d’un climat favorable pour prévenir les violences et le harcèlement scolaire.

 

Dans cette démarche, le principe de l’inclusion nous semble indispensable pour une école où tout le monde peut se sentir bien et respecté dans ses différences. « Aller vers une école inclusive concerne donc tout le monde. L’élève à besoins spécifiques apprendra dans une situation habituelle en compagnie de ses condisciples; confronté à la différence dans une atmosphère bienveillante, il développera l’estime de soi et il apprendra à vivre en groupe avec ses pairs. Quant à la dynamique de la classe, elle favorisera la différenciation méthodologique des pratiques des équipes éducatives et développera le « mieux vivre la différence » et le sens de l’empathie. Quant à la communauté scolaire tout entière, elle développera la solidarité entre tous les élèves, les équipes éducatives et les parents, préparant une société inclusive. »[4], concluent Ghislain Magerotte et Dominique Paquot dans l’article « Vers une école inclusive en FWB » de la Revue nouvelle.

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[1] Professeur à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, UCLouvain.

[2] CARRA, C., GALAND, B., VERHOEVEN, M., Prévenir les violences à l’école, Collection : Apprendre, PUF, 2012.

[3] Illustration : Réseau-Canopé

www.reseau-canope.fr/climatscolaire/agir/ressource/ressourceId/justice-en-milieu-scolaire-sanction-et-punition.html

[4] MAGEROTTE G. et PAQUOT D., article « Vers une école inclusive en FWB », Revue nouvelle n° 7/2019, www.revuenouvelle.be/IMG/pdf/083-092_article_magerotte-paquot-ok-10p.pdf

 

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Le climat sous pression

 

L’école, malgré tout ce qu’elle peut mettre en place pour se rendre plus accessible, plus agréable et plus engagée pour vivre et grandir ensemble, n’en reste pas moins une institution fondamentale de notre société qui subit une pression intense et profonde.

Chaque niveau de ce système scolaire, chaque acteur est interdépendant et tous sont affectés par cette pression mise sur les épaules de l’institution scolaire. L’école forme le tampon entre les attentes des instances publiques et privées, celles des parents et les besoins et les envies des élèves. Chacun y a des intérêts différents et n’attend pas les mêmes résultats, ce qui peut rapidement mettre les acteurs de l’école dans des positions inconfortables.

analyse climat scolaire2

L’école est à la fois le réceptacle de tous les espoirs d’amélioration de la société et l’endroit de toutes les complaintes et préoccupations concernant cette même société qui ne tourne pas rond. Trop souvent montrée comme responsable des maux actuels et faisant l’objet d’une forme de nostalgie : « c’était mieux avant » « rien de tel que la discipline » « on ne leur apprend plus rien », l’école est au centre de beaucoup de contradictions. La société change, l’école aussi, mais le changement va-t-il dans le même sens et à la même vitesse ?

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La performance, l’évaluation au détriment de la qualité des apprentissages

 

Cette pression est clairement exprimée dans la manière d’évaluer les élèves : il faut du résultat et notre système scolaire est montré du doigt, tant sur le plan de la FWB que sur le plan international, comparé aux autres pays voisins : « Les élèves francophones busés en lecture au test Pisa » , titre  L’Echo du 3 décembre dernier[1] et ce n’est qu’un exemple, la DH, la Libre ou Le Soir n’ont pas hésité à relayer le « mauvais bulletin » des belges francophones.

Une fois de plus, l’on recherche qui va porter la responsabilité de cette mauvaise côte. Faudrait-il simplement s’acharner à vouloir à tout prix bourrer le crâne des élèves ? Pour performer en quoi et sur quelle distance de temps ? Ou offrir à nos enfants un milieu propice pour apprendre et s’épanouir ?

Les évaluations devraient être formatives, positives et constructives, sans le stress des sessions d’examens, de besoin de performances ou de comparaison. Les objectifs et les apprentissages différenciés sont propices à la bienveillance éducative. Dans ce même état d’esprit, il est primordial de favoriser le tutorat entre élèves ; apprendre ensemble, coopérer, s’entraider, échanger. Beaucoup de temps d’apprentissage est consacré à la préparation, à la passation et à la correction des évaluations sommatives au détriment de la découverte, de l’approfondissement, de la réflexion et de la mise en pratique des matières. S’approprier et créer pour pouvoir rendre autrement, est bien plus formatif qu’une interro ou un examen.

 

Nous déplorons également que des injustices aient encore lieu lors des conseils de classe, comme nous le témoignent régulièrement et de manière anonyme – par crainte des retombées sur leur enfant – les parents qui nous contactent mais aussi certains enseignants sortis dégoûtés de conseils de classe. Parents et élèves rapportent combien les commentaires dans les bulletins les blessent. Certains écrits relèvent plus de la moquerie, du jugement sur l’origine sociale ou culturelle alors qu’ils devraient « élever » le jeune en travaillant son potentiel et non le charger de tout ce qu’il n’a pas acquis, de ce qu’il n’a pas réalisé ou du travail qui n’a pas satisfait.

Les parents et les élèves qui témoignent ne voient pas en quoi ces commentaires permettent à l’enfant de progresser et partagent plutôt des sentiments d’humiliation, de rejet, de dépit. Comment se construire une bonne estime de soi dans ces circonstances ? Et que dire quand il s’agit pour le conseil de classe de prendre une décision sur l’orientation ? Là aussi, des inégalités ressurgissent. Unia recommande[2] en décembre 2018 : «Donner plus de transparence et d’objectivité aux décisions des délibérations » , ce qui dénonce clairement le biais des conseils de classe comme ils sont pratiqués actuellement. C’était précisément le sujet de notre première analyse de l’année.[3]

La participation d’un représentant des élèves et d’un représentant des parents lors de ces espaces de réflexion, décisive pour la progression des élèves, a un impact positif sur le climat de l’école.

 

Il semble que les choses changent, en tout cas au niveau de l’administration au vu de la circulaire de rentrée[4] 7325 de septembre 2019 concernant l’évaluation des études dans l’enseignement secondaire ordinaire de plein exercice et les CEFA de WBE :  … « L’objectif de l’évaluation est de fournir aux élèves, aux enseignants, aux parents et au système éducatif, un maximum d’informations sur la manière dont se déroulent les apprentissages. L’évaluation doit jouer un rôle d’indicateur de progression dans les apprentissages et n’est à aucun moment une fin en soi. » Il est également question de l’erreur qui joue un rôle dans les apprentissages et qui ne doit certainement pas être utilisée pour stigmatiser les élèves.

 

Il n’y aurait donc plus qu’à faire appliquer ces consignes dans les classes, les salles des profs et les conseils de classe ?

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[1] www.lecho.be/economie-politique/belgique/wallonie/les-eleves-francophones-buses-en-lecture-au-test-pisa/10187635.html?openGallery=0-0

[2] www.unia.be/fr/legislation-et-recommandations/recommandations-dunia/revoir-les-processus-dorientation-scolaire

[3] GAUTHIER, S., Le conseil de classe : pour plus d’équité, une instance à repenser ?, FAPEO, 2020.

[4] Circulaire 7325, Évaluation des études dans l’enseignement secondaire ordinaire de plein exercice et les CEFA de WBE, sur enseignement.be, 30/09/2019.

 

Des indicateurs qui nous parlent

 

Bien-être, où es-tu ?

Il nous semble opportun pour instaurer un climat scolaire serein d’objectiver la situation de chaque école en passant au crible tous les endroits et les moments où la bienveillance fait défaut. La justice scolaire, les règles de vie, la pédagogie sont clairement des points essentiels pour évaluer le climat scolaire.

Le bien-être à l’école se décline dans tous les espaces et à tous les moments que compte la vie scolaire. Cependant il ne faut pas non plus négliger le contexte et l’environnement de l’école, tout comme les moments en dehors du temps scolaire tels que les trajets et les transports, les garderies et les activités parascolaires, les excursions, voyages et classes de dépaysement, etc. Tous ces moments ne doivent pas sortir du cadre au minimum de confort physique, matériel et psychologique.

Dans tous les lieux où les jeunes évoluent, les professionnels doivent se questionner sur leurs pratiques humaines, sur le vocabulaire choisi, sur le temps consacré à chacun, sur la mise en place d’une réelle écoute active, mais aussi intégrer au maximum la bienveillance pédagogique dans leurs actes et paroles tout en s’assurant que tout le monde fasse de même. Ces idées doivent devenir une réalité dans chaque établissement scolaire, dans chaque classe, chaque espace commun, mais aussi dans les salles des profs, les conseils de classe et les écrits. La manière d’évaluer étant également primordiale pour un climat scolaire positif.

C’est donc tout le système scolaire qui doit être diagnostiqué pour pouvoir apporter des pistes d’amélioration et remédier aux situations problématiques. Certaines équipes éducatives se sont déjà attelées à ce travail d’introspection dans leur établissement, mais l’œil averti des élèves et des parents peut également donner une vue sous un autre angle.

 

Prendre la température de l’établissement scolaire, c’est parcourir tous les lieux et les moments où un manque d’attention, de prévoyance ou d’entretien peut susciter un sentiment d’insécurité, d’inconfort, de stress et mettre les élèves dans des situations peu enviables.

La FAPEO a répertorié ces points d’attention dans des listes non-exhaustives à adapter à l’établissement scolaire fréquenté.  Avec les clés « bien-être » disponibles sur le site de la FAPEO[1], les parents et les associations de parents seront outillés pour procéder au diagnostic du climat scolaire de l’école ; diagnostic comme point de départ pour envisager des pistes d’amélioration, bien entendu.

Sont passées en revue les infrastructures de l’école mais aussi l’organisation interne : comment s’organise la démocratie scolaire ? Le conseil de participation, le conseil des élèves, le projet d’établissement, la communication, etc. Sans oublier le climat relationnel et d’apprentissage, le rapport élève-adulte, la prise en compte des besoins spécifiques, des différences, la prévention ou encore les moyens mis en place en cas de situations problématiques. C’est donc en quelque sorte un scanner de l’école selon les différents points de vue des acteurs de l’école, équipe éducative, élève ou parent.

Pour évaluer la santé de l’établissement scolaire, l’équipe éducative devra, elle aussi, se  plonger dans les notions de plaisir d’apprendre et d’enseigner, d’environnement d’apprentissage, de sécurité, d’environnement physique et certainement aussi de sentiment d’appartenance à la communauté éducative dans ses valeurs, les objectifs et les moyens pour y arriver. En tant qu’enseignant, ou direction, se poser ces questions sera déjà bien souvent répondre à ce qui fait défaut dans son école.

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Mais comment se sentent les parents dans leur rapport avec l’école ?

 

Ces grilles qui permettent de prendre la température de l’école, questionnent également les parents, notamment sur certains critères spécifiques comme se sentir bienvenu dans l’école de son enfant, se sentir à l’aise pour discuter de son enfant avec les enseignants, se sentir écouté et pris au sérieux, être traité de manière juste, avoir un sentiment de sécurité dans et autour de l’école, physiquement et moralement. À ces points s’ajoute la manière de communiquer à propos des règles à suivre, des sanctions prévues, de ce que l’école attend des parents et des élèves.

Procéder à ce diagnostic est un point de départ pour envisager des projets à mener avec le collectif de parents de l’école, agissant positivement pour améliorer le climat scolaire. Ces projets peuvent être proposés à la direction ou au pouvoir organisateur notamment par la voie du conseil de participation[2].

Il nous semble également primordial de tenir compte de certains facteurs particulièrement sensibles pour lesquels la FAPEO a déjà tiré la sonnette d’alarme, tels que la gratuité, l’exclusion des élèves, l’absentéisme des élèves – mais aussi des enseignants – et de la stabilité des équipes éducatives. Ce sont autant de signaux qui peuvent avertir sur un climat scolaire problématique.  Ceci dans tous les réseaux d’enseignement, à tous les niveaux et dans toutes les filières de l’ordinaire comme du spécialisé.

Nous espérons que ce diagnostic aura pu être commencé pendant la mise en place des plans de pilotage suivant l’Avis n°3 du Pacte pour un enseignement d’excellence.

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[1] www.fapeo.be/cles-pour-avancer/

[2] Démocratie scolaire, la représentation collective des parents au conseil de participation, FAPEO et UFAPEC, octobre 2019.  www.fapeo.be/guide-representation-copa/

 

Alors que faire pour que l’école soit une expérience positive ?

 

Limiter et anticiper les violences, c’est aussi organiser l’école autrement ; y installer un climat positif et constructif qui tienne compte de chaque individu dans ses différences pour mieux apprendre à travailler et à devenir des adultes ensemble : il est important « […]  d’inclure dans les actions d’amélioration du climat scolaire la « communauté ».  Ce n’est évidemment pas un appel au communautarisme mais la certitude que le climat scolaire doit être approché de manière « écologique », impliquant les habitants et « la voix de la communauté » en « reconnaissant la voix de chacun » comme importante, condition d’un réel engagement. Une stratégie d’engagement des élèves, des parents, des professionnels et des habitants peut faire la différence. » [1]

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Et si on s’écoutait un peu ?

Bien que ce ne soit pas facile, pouvoir s’écouter ça s’apprend. C’est aussi un état d’esprit qui semble être efficace en matière d’éducation et de vivre ensemble. Des temps de parole sont organisés dans les écoles, c’est bien, mais souvent animés par des personnes qui n’y ont pas été formées. Ces temps de paroles doivent également être en cohérence avec l’attitude et l’écoute au quotidien entre les enseignants, les élèves, la direction et les parents.

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Des conditions de travail agréables

La loi belge impose des règles aux entreprises[2] :  « Chaque employeur doit disposer d’un service interne pour la prévention et la protection au travail. » Au travail, ailleurs qu’à l’école, il existe des dispositifs de contrôle de ces règles ; ainsi qu’un conseiller en prévention, des référents bien-être et/ou harcèlement, un règlement de travail, des sanctions prévues en cas de défaut des travailleurs, des évaluations des cadres et bien d’autres balises pour veiller à ce que le travail puisse être réalisé dans de bonnes conditions et dans le respect de tous. En sera-t-il un jour de même pour les écoles, pour le bien-être des élèves autant que de celui des membres du personnel éducatif ? Les élèves sont bien des usagers du service public, non ?

Cela va bien évidemment de pair avec des règles de vie claires, des balises fermes et humanistes qui sont énoncées et visibles par tous, et inscrites dans le projet éducatif de chaque établissement.

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Du temps

Enfin, s’il y a quelque chose de constant et de contraignant dans une école, ce sont bien les horaires. Les routines rassurent mais sont une source supplémentaire de stress pour tous ; élèves et enseignants. De plus ces rythmes ne sont adaptés, ni aux matières – essayez de faire une leçon de pratique en sciences ou en éducation physique, par exemple, en 50 minutes-chrono, installation et rangement compris – ni aux rythmes physiologiques des élèves et des enseignants. Concentration, digestion, récréation, somnolence, nous savons tous ce que c’est que de devoir lutter contre ces phénomènes à certaines heures. C’est pareil pour la répartition des congés, les rythmes ne sont pas cohérents avec les besoins de l’humain, adulte ou enfant. Cependant le système n’a toujours pas changé. Excepté dans certaines écoles qui ont eu l’audace et l’intelligence de se fabriquer un horaire adapté, quitte à devoir rectifier pour adapter l’organisation et les règles de vie aux diverses circonstances.

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Valeurs et projet pédagogique

Avoir un projet pédagogique pour l’établissement, ce n’est cohérent qu’à condition que chaque adulte se comporte en adéquation avec ce projet, encourage les actions dans ce sens et soit un exemple de mise en pratique des comportements à adopter. Les valeurs et la pédagogie ne sont pas là que pour enjoliver le site internet de l’école, elles devraient être vécues au quotidien et être présentes partout et à tout moment dans la vie scolaire. Lorsque des parents inscrivent leurs enfants à l’école, ils adhérent à un projet et il va de soi que, comme pour tout contrat, ils souhaitent que la réalité soit conforme aux conditions prévues.

Ces valeurs et la manière de les appliquer dans l’école doivent être évaluées et remises en question pour évoluer au fil du temps, avec les élèves et l’équipe éducative, sans oublier les partenaires dont font bien évidemment partie les parents. Ces moments sont précisément prévus lors des Conseils de Participation où les représentants des parents peuvent porter les avis du collectif de parents de l’école.[3]

Penser l’école autrement plutôt que de devoir constamment raccommoder les travers d’un système qui broie ou qui éjecte certains jeunes, c’est construire une école qui offre un lieu de réel épanouissement dans un climat positif.

À l’heure de conclure cette analyse, nous apprenons qu’une enquête systémique et multidimensionnelle sur le bien-être à l’école et le climat scolaire[4] devrait être menée dès que les mesures de confinement dues à la pandémie de Covid19 seront levées. La volonté de « construire et mesurer des indicateurs du bien-être à l’école et du climat scolaire dans le cadre de la nouvelle gouvernance du système éducatif en Fédération Wallonie-Bruxelles (FW-B) » dans le chef des instances de la Fédération Wallonie-Bruxelles montre bien que les changements liés au Pacte sont toujours en marche. Nous soutenons bien sûr cette démarche et espérons qu’elle pourra donner lieu à de belles avancées pour que les enfants soient tous à l’aise/ ALZ[5] à l’école.

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[1] Rapport d’un groupe d’experts, sous la responsabilité de E. Debarbieux, professeur à l’Université de Paris-Est Créteil, à la demande de la DGESCO, sur cafepedagogique.net, 2012.

[2] Prévention et protection au travail, sur belgium.be.

[3] Démocratie scolaire, la représentation collective des parents au conseil de participation, FAPEO et UFAPEC, octobre 2019. www.fapeo.be/guide-representation-copa/

[4] Enquête systémique et multidimensionnelle sur le bien-être à l’école et le climat scolaire, 2020.

[5] Mémorandum FAPEO 2019, pp 21-22.

 

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Télécharger l’analyse “4.20 / Bien vivre I’école : une affaire de climat !“, une analyse de France De Staercke. 

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