ETUDE 2015 – ASSOCIATIONS DE PARENTS, OU VA VOTRE ARGENT ?

Selon la Constitution belge, l’Enseignement est gratuit pour tous ! Mais l’est-il vraiment ?

Avant même que la Constitution ne soit rédigée, les parents d’élèves participaient financièrement à la vie de leurs écoles respectives. C’est un secret de polichinelle !

En effet, depuis toujours, les bénéfices de nombreuses activités organisées par les parents ont été reversées aux établissements scolaires. Aujourd’hui, ce sont les associations de parents qui remplissent ce rôle.

Fancy-fairs, soirées festives, soupers, brocantes, achats collectifs de matériels scolaires, participations aux frais de voyages extra-scolaires, aides financières aux familles en difficultés, etc. La liste des activités proposées, organisées ou même assumées par les parents est longue. Le plus souvent, cela se fait de façon informelle. La participation financière des associations de parents a toujours été un domaine un peu obscur. Nous avons décidé d’y faire la lumière :

Quelle sont les sommes qui sont reversées par les parents au sein de l’école et pour quels types de projets ?

Comment les associations se financent-elles et surtout selon quelles pratiques ?

Comment cette participation financière parentale collective est-elle gérée par les enseignants, les directions et les pouvoirs organisateurs ?

Les parents ont-ils assez d’informations à ce sujet ? Il y a-t-il assez de transparence et de traçabilité ?

Et surtout quel est l’apport financier réel des associations de parents à cet enseignement dit “gratuit” ?

Pour avoir les réponses à ces questions, lisez l’Etude 2015 de la FAPEO ETUDE 2015 – ASSOCIATIONS DE PARENTS, OU VA VOTRE ARGENT ?

 

Résumé de l’étude 2015

En janvier 2015, nous avons décidé de consacrer notre Etude annuelle à la contribution financière des associations de parents au sein de leurs écoles. C’était une démarche à la fois exploratrice et introspective : en effet, même si les frais scolaires et le principe de gratuité de l’enseignement sont des thèmes largement débattus et analysés, rares sont les études qui s’intéressent à ces aspects sous l’angle des associations de parents. Nous partions donc un eu en territoire inconnu (spéciale dédicace à Frédéric Lopez). De plus, dès le départ, nous avons décidé de nous baser sur nos AP affiliées et cela afin d’avoir une photographie, même partielle, de ce qui est fait au sein de la FAPEO. Ils s’agissait donc de regarder en nous-même et de nous interroger.

Nos questions de départ étaient nombreuses mais elles étaient dominées par un postulat essentiel : notre enseignement est réputé gratuit mais l’est-il vraiment ? Et s’il ne l’est pas (ce que chacun sait) à combien s’élève la participation collective et solidaire des associations de parents dans notre enseignement ? Mais, surtout, la qualité de vie et d’enseignement serait-elle menacée si cette participation s’arrêtait du jour au lendemain ? Ce postulat de départ que nous avons pris implique énormément de questions annexe auxquelles il fallait répondre avant de vous pouvoir énoncer des conclusions : Quelles sont les recettes des AP ? Comment ces recettes sont-elles engrangées, via quelles activités ? Quels sont les acteurs scolaires qui sont à l’origine de ces activités ? Comment les AP participent financièrement à la vie de leurs écoles respectives ? A quelle hauteur et via quelles activités ? Comment se fait la communication autour de cette participation ? Les AP sont-elles libres et légitimes dans ce domaine ? Autant de questions, autant de données et d’informations à collecter.

Pour obtenir cette base de données, nous avons procédé de deux manières : l’une quantitative privilégiant les chiffres et les montants et l’autre qualitative, privilégiant les bonnes et mauvaises pratiques, la visibilité et la traçabilité. D’une part, nous avons lancé deux questionnaires internet, l’un adressé aux associations de parents et l’autre adressé aux parents à titre personnel. Ces questionnaires nous ont permis d’amasser une somme importante de données chiffrées. D’autre part, nous avons été sur le terrain interroger les associations pour savoir comment leur participation financière s’organisait.

Nous n’allons pas ici revenir sur tous les chiffres et pourcentages dévoilés par l’Etude (pour en prendre connaissance, il faudra la lire…) mais juste quelques informations qui suscitent la réflexion :

  • Sur l’année scolaire 2014-2015, l’ensemble des associations de parents ayant répondu au questionnaire, ont récolté un total de 68 466 euros et ont redistribué dans leurs écoles un total de 69 785 euros.
  • Le nombre d’activités organisées par les parents sur l’année scolaire est de 3 à 4, ce qui prouve le dynamisme des associations. Ce sont les activités festives (soupers, soirées, fancy-fairs, etc.) qui sont largement majoritaires avec 55%. Suivent les activités éducatives, culturelles ou sportives. Le festif est le type d’activité qui génère aussi le plus de rentrées avec 57 % du total. Sans dénigrer les activités festives qui ont leur importance, ces chiffres révèlent que les associations de parents sont encore trop considérées comme des comités de fêtes.
  • La participation financière se fait pour 29 % dans les voyages (classes vertes et classes de neige) et les activités culturelles. Ensuite viennent le festif (23 %)et les achats collectifs de matériel scolaires ainsi que les dépenses liées à l’accueil extra-scolaire et à la garderie (20 %).
  • La visibilité et la traçabilité de cette participation fait défaut à 28,5 % des associations qui ne sont pas informées sur l’utilisation des sommes. Certains pourraient considérer que ce chiffre est plutôt satisfaisant. Pas nous ! Dans tous les cas, c’est 28,5 % de trop. En ce qui concerne la communication, elle est majoritairement informelle. Principal organe de consultation dans l’école, le Conseil de Participation n’est utilisé que dans 4% des cas seulement. Nous retenons qu’en matière de visibilité et de communication, il n’y a ni noir, ni blanc mais bien que du gris…Trop repose sur la bonne ou la mauvaise volonté des acteurs. Cet aspect doit être clarifié.

Les chiffres ont parlé mais ils sont insuffisants pour répondre à toutes les questions. A cet égard, les interviews que nous avons menées sur le terrain nous ont beaucoup apporté, tant au niveau des problèmes que des pistes de solution.

Plus que les travers en matière de communication et de visibilité, nous avons constaté un mal récurent : le manque de considération pour les associations de parents. Comme dit précédemment, encore trop fréquemment, les parents sont considérés comme des organisateurs de soirées ou de soupers et rien de plus. De nouveau, il ne s’agit pas ici de déconsidérer les activités festives qui sont indispensables à la vie d’une école comme au financement des associations mais lorsque les parents participent au bien-être de l’école (pas seulement de leurs enfants) il convient de leur permettre de s’exprimer. Or, comme le dit un président d’AP interrogée : ” on vient bien que les parents s’exprime mais pas trop fort en tout cas”. (citation de Youssef) . Ici, il faut souligner le poids du passé. Pourquoi les associations assument des dépenses abusives ? Parce que bien souvent, cela a toujours été comme ça…et que certains refusent d’évoquer un changement…Or, il faut que cela change ! Il est temps de reconnaître aux parents la place que les décrets et leur contribution solidaire leur attribuent, celle d’un véritable acteur de l’enseignement.

Une autre constatation est d’ordre socio-économique : il existe une inégalité entre les différentes participations des AP. Cette inégalité correspond au milieu et à l’environnement socio-économique des régions et des écoles. L’enseignement belge est l’un des plus inégalitaires du monde et les participations des parents s’en ressentent. Certaines AP sont plus riches et contribuent plus que d’autres mais toutes aident et participent selon leurs moyens. La majorité des associations sont d’ailleurs parfaitement conscientes de cette inégalité qu’elles regrettent.

Malgré ces constats, nous avons aussi trouvé des pistes de solutions. La FAPEO a toujours plaidé pour une communication constante et constructive entre ces différents acteurs de l’enseignement, direction, enseignants. En la matière, il conviendra toujours d’emménager des espaces de dialogue et de rencontre. Par exemple, l’une des AP interrogée a mis sur pied un comité mixte d’organisation. Ce genre d’initiative renforce la communication et établit un climat de confiance.

Toutefois, c’est aussi aux parents de faire valoir leur droits, notamment dans ce lieu souvent sous-utilisé qui est le Conseil de participation. Bien souvent, soit ces réunions sont peu ou même pas organisées ou elles sont expédiées à la vitesse de la lumière. Les parents manquent de considération et de reconnaissance mais cela commence également par la prise de la parole et la défense de leurs droits. Encore faut-il les connaître. C’est ici que la FAPEO intervient. Beaucoup de réponses se trouvent dans l’Etude.

Enfin, pour répondre à notre question de départ, l’enseignement n’est évidemment pas gratuit ! Et les parents le savent mieux que personne. Ils le savent tellement qu’ils contribuent au bon fonctionnement de cet enseignement. Leur participation n’est pas quelque-chose de marginal. Plusieurs AP nous ont confirmé que sans leur participation, plusieurs activités, soit pendraient fin, soit se verraient considérablement compromises et pas seulement des activités festives: repas chauds, maintien d’une bibliothèque, voyages, rénovation de la cours de récréation. Est-ce normal de voir des AP intervenir ou financer ces aspects de la vie scolaires ? N’y a-t-il pas un manque de financement structurel derrière ces participations ? La question est posée. L’Etude de la FAPEO apporte des éléments de réponses.

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