D’où vient le concept d’intelligence multiple ?
Le concept de l’intelligence est un sujet vaste. Elle ne se limite pas à sa mesure par le quotient intellectuel (QI). Cette mesure est d’ailleurs fondée sur l’idée que l’intelligence est principalement logico-mathématique, idée défendue tout au long du 20ème siècle par Piaget.
Un psychopédagogue anglais du nom d’Howard Gardner a remis les travaux de Piaget en question en lui reprochant que cette conception de l’intelligence était unilatérale et ne tenait pas compte d’autres formes d’intelligence. Picasso, Mozart étaient des génies dans leurs domaines et pourtant, avaient-ils une intelligence logico-mathématique hors norme ? On ne peut donc se limiter à cette unique manière de penser. De plus, les derniers progrès en imagerie médicale montrent que certaines lésions de parties différentes du cerveau entrainaient des pertes de capacités différentes en matière d’intelligence.
Quelles sont ces huit formes d’intelligence ?
Gardner en a défini huit, qui semblent s’exprimer de façon relativement autonomes : outre l’intelligence logico-mathématique très sollicitée à l’École, il met en avant sept autres intelligences : la visuelle-spatiale, l’intra-personnelle, l’interpersonnelle, la corporelle-kinesthésique, la verbo-linguistique, la musicale-rythmique et la naturaliste-écologiste.
- L’intelligence logico-mathématique : elle développe des capacités telles que la logique, l’analyse, l’observation, la résolution de problèmes.
À l’école, elle est très sollicitée dans les cours de mathématiques et de sciences. Pourtant ces cours peuvent être abordés en tenant compte d’autres canaux d’intelligences.
- La verbo-linguistique: Cette forme met en avant la maitrise du verbe à l’oral et/ou à l’écrit. C’est également l’intelligence des sons. Elle permet de maitriser la langue mais aussi les langues étrangères.
Dans le milieu scolaire, cette capacité est sollicitée au cours de français mais aussi dans tous les autres cours puisque les consignes sont souvent rédigées en langue de l’enseignement ou dans les langues étrangères apprises. L’écriture avec des lettres prédomine le monde de l’enseignement.
D’autres manières de présenter une information existent. Le mindmapping (carte mentale) favorise davantage la pensée en réseau que la pensée linéaire principalement mise en avant dans l’intelligence verbo-linguistique.
- L’intelligence visuelle-spatiale: elle sollicite principalement la vue et la mémoire visuelle.
Cette intelligence est sollicitée dans des cours tels que la géométrie, la géographie, dans les disciplines artistiques (photo, média, architecture, mode, …). De manière transversale, elle est sollicitée lorsqu’un élève se retrouve face à un document et qu’il va devoir comprendre et organiser les informations qui s’y trouvent. Il est donc essentiel pour les enseignants de mettre un point d’honneur à présenter des documents propres et facilement compréhensibles. Les documents trop petits et mal photocopiés peuvent être des obstacles aux apprentissages.
- L’intra-personnelle: est la capacité à faire un retour sur soi, à identifier ses sentiments et ses besoins.
À l’école, de plus en plus d’enseignants formés à la communication non-violente tiennent compte de cette intelligence dans leur façon de travailler.
- L’interpersonnelle: est la compétence de pouvoir agir et réagir de façon adéquate avec les autres suivant des contextes différents. Cette forme d’intelligence permet de résoudre des problèmes relationnels entre les individus.
À l’école, cette intelligence est fortement sollicitée entre les enfants mais peu d’activités programmées les invitent à développer cette intelligence.
- L’intelligence corporelle-kinesthésique: est la capacité de maitriser les mouvements de son corps pour arriver à un objectif précis. C’est le cas des grands sportifs tels que les tennismen qui arrivent à placer une balle de manière très précise avec un effet voulu sur la balle par exemple.
Dans le milieu scolaire, il y a les cours d’éducation physique et les cours d’art mais cette forme d’intelligence n’est souvent sollicitée que dans ces cours alors qu’apprendre les mathématiques, les sciences, … avec le corps, c’est possible !
- La musicale-rythmique : C’est la capacité de pouvoir penser en rythmes et en mélodies, d’entendre et de reconnaitre, de mémoriser, d’interpréter et de créer des morceaux musicaux.
La musique et la rythmique sont les parents pauvres de notre enseignement et pourtant on peut faire des math avec les rythmes, pour comprendre le concept de soustraction par exemple.
- La naturaliste-écologiste: Cette dernière intelligence sollicite la capacité d’observer, de classifier et d’utiliser ses connaissances dans un environnement donné.
À l’école, ce sont dans les disciplines telles que la biologie, la géographie mais également dans des filières en lien avec la nature, la cuisine, … que cette compétence est sollicitée.
Mais avouons-le, cette forme d’intelligence est peu sollicitée dans les cours de tronc commun.
Et à l’école ?
Force est de constater que les pratiques pédagogiques ont jusqu’à récemment mobilisé trois formes d’intelligences principalement : l’intelligence logico-mathématique, la verbo-linguistique et la visuelle-spatiale.
De plus en plus d’enseignants se rendent compte que pour « accrocher » tous les élèves aux apprentissages, il existe d’autres intelligences qu’il est important de les mobiliser. Les écoles qui ont mis en place ce type d’approche constatent que les élèves s’appuient sur leurs forces, leurs intelligences dominantes, pour réussir dans des domaines dans lesquels ils ont plus de difficultés. On observe une augmentation de la confiance en soi, une meilleure prise de conscience de sa propre valeur, ce qui a des effets majeurs sur sa motivation à long terme.
Gageons qu’à l’heure du Pacte pour un Enseignement d’Excellence, on tienne plus compte de ces nouvelles découvertes en neurosciences afin de permettre à toutes les formes d’intelligences d’être mobilisées à l’école et que nos enfants puissent tous mieux s’y épanouir …
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Flore Lecolier
Conseillère pédagogique
