L’analyse en un coup d’œil
Depuis la fin de l’année 2024, une nouvelle tendance est apparue sur les réseaux sociaux et plus particulièrement sur TikTok, les vidéos des mamans ghettossori, publiées en réaction aux vidéo d’une « maman Montessori ». Des mères de familles populaires mettent en scène et présentent un modèle éducatif alternatif et plus ancré dans la philosophie du « ghetto » que celui prôné par ce qui apparait comme une version bourgeoise, permissive et déconnectée des contraintes avec lesquelles ces mamans doivent composer.
Si on peut surtout y voir une façon de déculpabiliser les parents qui font de leur mieux en fonction des circonstances qui sont les leurs, on peut aussi considérer que l’on assiste à une « drôle de guerre » culturelle entre deux modèles éducatifs qui ne sont pas sans rapport avec une nouvelle forme de lutte des classes. En approfondissant la question, on peut même y voir une forme de réponse du berger à la bergère en ce qui concerne les accusations récurrentes de démission parentale. D’un autre côté, certains propos tenus dans ces vidéos inquiètent, car ils pourraient valider par la bande certaines VEO (violences éducatives ordinaires). Mais au-delà de ces différences, se posent aussi d’autres questions et enjeux.
Pour notre part, nous avons axé nos réflexions sur deux éléments. Le premier est de souligner que ce qui nous unit est plus important que ce qui nous divise, et qu’un espace comme les associations de parents d’élèves est à ce titre un lieu idéal pour échanger de pair à pair sans juger l’autre. Toutes ces mères, qu’elles soient ghettossori ou Montessori, aiment manifestement leurs enfants et désirent leur épanouissement, même si elles ne sont pas d’accord sur les modalités pour y parvenir. Un espace de parole citoyen de ce type est par conséquent un endroit idéal pour débattre plus sereinement des questions éducatives ; plus adapté que des réseaux sociaux dont les algorithmes favorisent le drama.
Le second point que nous décortiquons est celui qui concerne l’ironie et ses limites, car du rire à l’humiliation (ou au clash), il n’y a qu’un pas. Mais faut-il pour autant s’interdire de s’esclaffer à gorge déployée ? Non, bien entendu, car l’humour est un exutoire dont nous avons besoin. En revanche, il n’est pas interdit de faire preuve de finesse. Par conséquent, nous essayerons de définir les limites de l’exercice pour que chacun puisse décider en toute conscience de ce qui est acceptable ou au contraire ce qui pourrait être problématique, sans pour autant chercher arbitrer la conduite des uns ou des autres.