L’analyse en un coup d’œil
Il fut un temps où les réseaux sociaux promettaient monts et merveilles aux militants. Enfin un espace libre, horizontal, accessible, où même la plus petite ASBL pouvait se rêver en David numérique face aux Goliath du monde politico-médiatique. On y croyait dur comme fer : un bon post, un zeste d’indignation bien dosée, et hop, l’émancipation citoyenne était à portée de clic. Sauf que non. À l’arrivée, ce n’est pas la démocratie qui a gagné, mais l’algorithme. Et comme tout bon algorithme qui se respecte, celui-ci n’a que faire de la justice sociale, de l’éducation critique ou des droits humains. Lui, ce qu’il aime, c’est le clash, le buzz, le clic rageur à 2h du matin.
Aujourd’hui, la militance associative sur les réseaux ressemble à une vieille antenne FM qui essaie de capter Radio Vérité au milieu d’un festival de bruits parasites. On y hurle plus qu’on n’y débat, on y clique plus qu’on ne comprend, et surtout, on y fait semblant de réfléchir plus qu’on ne pense pour de vrai. Les plateformes sont devenues les nouvelles arènes du cirque, où il faut saigner (symboliquement) pour exister, et tant pis si on y perd un peu de sens au passage. Quand les règles de visibilité sont dictées par des intérêts marchands et non par des principes démocratiques, alors ce n’est plus une agora, c’est un marché. Et dans ce marché là, ce ne sont pas les idées les plus justes qui circulent, mais les plus virales.
Qu’en est-il de la militance dans un monde où la nuance est un handicap et l’indignation un business model ? Peut-on vraiment “sensibiliser” quand l’algorithme préfère qu’on scandalise ? C’est cette contradiction, absurde mais bien réelle, que nous allons disséquer tout au long de cette analyse.