Communiqué de presse
Le respect est l’affaire de tous !
La ministre Glatigny a lancé une « enquête » censée établir un « baromètre du respect » à l’égard des enseignants. La FAPEO, l’UFAPEC, organisations représentatives des parents et associations de parents d’élèves, et le CEF, comité des élèves francophones, accueillent positivement le fait que la question du bien-être à l’école soit au centre de l’attention politique. Toutefois, il faut alors s’en préoccuper pour tous les acteurs de l’école : enseignants, directions, pouvoirs organisateurs, mais aussi élèves et parents.
Si le mal-être des enseignants et le manque de considération dont ils témoignent parfois doivent être scrutés, cela doit pouvoir se faire avec un outil rigoureux et solide. Et le risque premier du « baromètre du respect », vu les nombreux biais du questionnaire[1], est qu’il aboutisse à tendre les relations internes à l’école au lieu de les diagnostiquer finement. Les premières victimes potentielles : les élèves, principalement ceux et celles en difficultés, et leurs parents.
Qui n’a jamais connu ou entendu parler d’une situation complexe à l’école, où l’élève ou ses parents étaient en tension avec un enseignant ? Parfois, l’origine du problème vient du comportement de l’élève, voire de ses parents. Parfois, il trouve sa source dans le chef de l’enseignant. La plupart du temps, la situation n’est pas binaire. Or en envoyant il y a une semaine un questionnaire « Baromètre du respect » aux 130 000 enseignants francophones du pays, la ministre Glatigny jette un coup de projecteur cru… mais partiel et biaisé sur les tensions qui peuvent se produire entre enseignants, élèves et parents.
Le type de questions posées, les choix de réponses possibles (sans avoir toujours la possibilité de s’abstenir), le fait que ces questions ne sont posées qu’aux seuls enseignants font que les résultats de cette enquête ne pourront que mettre en évidence des ressentis d’enseignants, non contextualisés, sans possibilité de nuance et sans démarche d’objectivation des faits. Il n’y a, par exemple, aucune question ouverte dans ce questionnaire. Plus encore, du fait de la formulation des questions, il y a peu d’espace laissé au doute sur le fait que les parents et élèves seront pointés comme la cause principale d’un manque de « respect ». Mais la réalité est-elle si binaire et caricaturale ? D’un côté les enseignants malmenés et de l’autre des empêcheurs de faire le métier correctement ?
Notre crainte, avec une enquête unilatérale et si orientée « à charge » est que dans les lieux où la relation parents-école est déjà délicate, où le besoin de médiation scolaire est crucial, que ce questionnaire et ses résultats prévisibles ne viennent immanquablement jeter des braises sur ces relations, alors qu’il conviendrait au contraire de les dénouer et de les apaiser. Tout d’abord, au bénéfice premier de jeunes qui – les chiffres récents de leur santé mentale le montrent – ne sont pas sans questionnements, sans souffrance, sans rapport complexe parfois avec l’institution scolaire. Mais aussi au bénéfice de l’amélioration du cadre de travail des enseignants, directions et équipes éducatives.
Dans un baromètre du respect global, on pourrait également demander aux élèves et à leurs parents comment se passent les relations avec l’école. Pas besoin de le faire ! En effet, une enquête multidimensionnelle dédiée au bien-être dans le cadre scolaire a déjà été menée en 2022-2023 en Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette enquête scientifique, sous la houlette de l’ULiège et l’UCLouvain, a récolté, dans le cadre des travaux du Pacte pour un enseignement d’excellence, les avis d’un échantillon statistique de 4.000 élèves, 1.800 membres des équipes éducatives et 1.000 parents.
C’est tous ensemble que nous devons œuvrer à un climat positif et constructif pour tous ceux qui travaillent, vivent, pratiquent, s’investissent et interagissent dans ou avec l’école. En effet, il semble utile de rappeler que le respect, à l’école et dans la société, est l’affaire de tous et doit inviter chacune et chacun à vivre des relations qui accueillent l’autre, quels que soient son âge, son origine, sa position sociale ou économique, comme une personne à part entière qui est digne du respect que j’en attends pour moi-même.

Contacts presse
FAPEO : Véronique de Thier – 0498 19 15 84 veronique.dethier@fapeo.be
UFAPEC : Bernard Hubien – 0476 52 74 77 bernard.hubien@ufapec.be
CEF : Logan Verhoeven – 0472 92 64 94 logan@lecef.org
[1] Renaud Maes, sociologue, professeur à l’UMons et l’UCLouvain, les a mis clairement en évidence. Cf. OneDrive (sharepoint.com)